JERUSALEM ANNEE 70

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    Rédaction 1968

     

    LES FILS DE LA LUMIERE

    «Le premier engagement des fils de la Lumière contre les fils des ténèbres, c'est-à-dire, contre l'armée de Bélial, sera l'attaque des troupes d'Edom, Moab et les Ammonites et du pays des Philistins, des Kitiens d'Assyrie».

    C'est par ces paroles que débute le livre de «La Guerre des fils de la Lumière contre les fils des ténèbres». Ce livre est un des rouleaux trouvés dans les grottes du désert de Juda en 1947 et qui sont connus sous le nom de «Manuscrits de la Mer MORTE». Il traite d'une série de batailles qui doivent opposer, à la fin des temps, le véritable Israël (les fils de la Lumière) aux ennemis de Dieu. Cette guerre doit précéder l'ère Messianique. Ce n'est certes pas un hasard si cette découverte a eu lieu au moment même où éclatait la première guerre Israëlo-Arabe, c'est-à-dire où commençait la série de batailles à l'issue desquelles, la Bible nous enseigne que doit venir le Messie.

    Ainsi, l'ère Messianique est à la porte et nous savons que nous vivons des jours décisifs pour l'avenir d'Israël, du monde et de l'église parce que ce sont les temps annoncés par les prophètes.

    Les auteurs du livre de «La Guerre des fils de la Lumière contre les fils des ténèbres», sont une secte sur laquelle de nombreuses théories, plus ou moins fantaisistes, ont été échafaudées mais dont cependant on sait encore assez peu de choses ; néanmoins, il est clair que ses membres qui vivaient un peu avant la destruction du second Temple, avaient conscience de vivre à l'aube des Temps Messianiques et que leur état d'esprit et leurs espérances étaient assez semblables à celles qui animent les enfants de Dieu aujourd'hui : c'était la conscience de vivre des temps annoncés par les prophètes, des temps de troubles et d'angoisse où les fils de la Lumière subiraient l'opposition des ténèbres mais dont le résultat devait être le triomphe de la Lumière et l'avènement du Messie pour peu que les fils de la Lumière combattent le «bon combat».

     

    LE DECLIN POLITIQUE

    Temps de bouleversements et d'angoisse, certes, si l'on considère la situation du peuple à cette époque là. Après l'immense espoir suscité par le retour à Sion en 538 av. J.-C. lorsque Cyrus avait autorisé les captifs à revenir et à rebâtir Jérusalem, après les encouragements apportés par les derniers prophètes : Zacharie, Aggée et Malachie, étaient venues les tribulations : l'Héllénisme avait conquis l'Orient et avait commencé à attaquer la foi d'Israël. Lors donc, les fils de «Bélial» avaient commencé à se révéler, et, apostasiant la foi de leurs pères, étaient devenus les instruments de Satan pour s'opposer au plan de Dieu et mettre en danger l'existence même d'Israël. Les fils de Lumière avaient réagi, ce fut «La Révolte des Maccabées».

    Dieu avait donné la victoire, de nouveau un immense espoir était né, les descendants des Maccabées, les Asmonéens, avaient été nommés rois de la Judée de nouveau indépendante «jusqu'à ce que vienne le fils de David». Puis, les années passant l'espérance Messianique avait perdu de son acuité, la dynastie Asmonéenne s'était corrompue, avait sombré dans les rivalités intestines qui devaient provoquer sa perte. Le royaume de Juda était alors retombé sous la domination étrangère, et quelle domination ! Celle de la quatrième bête de Daniel, de cette bête terrible et effrayante, ayant des ongles de fer, broyant et détruisant tout : la domination du monde romain. Après le long règne du roi Hérode le Grand, vassal et laquais de Rome, puis après celui, plus bref, de son fils Archelaüs, la Judée était devenue province romaine : une province de deuxième ordre, administrée par un obscur gouverneur, le plus souvent insignifiant et uniquement préoccupé de s'enrichir et qui dépendait du puissant gouverneur de la Syrie voisine qui disposait de la force des légions. La population était soumise à de lourds impôts et, bien que jouissant du respect de ses droits et coutumes religieuses, subissait sur ce plan de nombreuses vexations et de nombreuses entorses.

     

    DECLIN RELIGIEUX ET INSTABILITE INTERNATIONALE

    Parallèlement à ce déclin politique du pays d'Israël, il y avait un déclin religieux : le culte de Jérusalem se corrompait, les prêtres en général, embrassaient le parti des Sadducéens qui tendait à devenir petit à petit le parti des «collaborateurs», favorable et pactisant avec l'occupant romain qui avait été amené à se réserver la nomination des grands Prêtres qu'il déposait d'ailleurs à sa guise lorsqu'il l'estimait bon. De ce fait, la religion même se corrompait, elle cessait d'être une espérance vivante pour n'être qu'une comédie et nombreux parmi le peuple étaient ceux qui, insatisfaits et déçus, avaient soif d'autre chose.

    Le monde extérieur, quant à lui, était en pleine instabilité, la guerre civile faisait rage périodiquement dans l'empire romain pour ne pas parler des rivalités et des guerres extérieures.

     

    L'ESPERANCE MESSIANIQUE

    C'est alors que parmi le peuple, les assoiffés de vérité, de Justice, se mirent à chercher Dieu, et l'attente Messianique reprit une nouvelle vigueur, cela d'autant plus que les prophéties étaient précises. Les prophéties de Daniel 9 sur les semaines d'années, annonçaient sans équivoque la venue de l'ère Messianique pour la fin de cette époque. Ceux qui étaient attentifs à ces choses, savaient que l'heure de Dieu était proche et ils cherchaient à se préparer à cet évènement. Certains se mettaient à part pour Dieu, d'autres, comme les Qummramiens, auteurs des Manuscrits de la Mer Morte, abandonnaient une société politique et religieuse corrompue, pour chercher dans le désert, par le renoncement et la pureté de vie, une authentique présence de Dieu, sa bénédiction et son approbation en se mettant à l'abri des souil­lures du monde ; d'autres enfin, trouvaient un refuge dans la loi par le respect absolu de ses plus peti­tes prescriptions. Quoi qu'il en soit, sur le plan religieux, il y avait à cette époque en Israël, un intense bouillonnement, de nombreuses sectes apparaissaient quand ce n'était pas de faux Messies, et, selon le témoignage du Nouveau Testament «Le peuple vivait dans l'attente». A cette attente, les Manuscrits de la Mer Morte apportent eux aussi une confirmation.

     

    LE TEMPS DES NATIONS

    Ils attendaient pour leur époque ce que nous attendons pour la nôtre : la Parousie. Ils avaient tort alors ? Mais les prophéties n'annonçaient-elles pas l'accomplissement des promesses messianiques pour leur époque ?

    Certes, mais il y avait une chose qu'ils avaient été incapables de comprendre, c'est que ces prophéties devaient avoir un accomplissement partiel à leur époque et un accomplissement complet après une époque tragique et douloureuse, que Jésus appelle le «Temps des Nations» et qui devait durer plus de 1900 ans. La première partie de la prophétie s'est bien accomplie, puisque le Messie est venu, mais pas comme on l'attendait, alors, on ne le reconnut pas. C'était la première époque Messianique. La deuxième devait avoir lieu environ 2 000 ans plus tard et nous la vivons. Mais les évènements qui se produisirent lors de la première venue du Seigneur furent une sorte de répétition générale de sa parousie. Il faut donc que la même situation se reproduise maintenant pour que les évènements puissent eux aussi se reproduire, avec la différence que dans le premier cas le Seigneur n'est pas revenu, tandis que dans le deuxième cas, il reviendra.

    Il y a 2 000 ans, les évènements ont été déclenchés avec 20 siècles d'avance et n'ont donc abouti qu'à la catastrophe parce que ce n'était pas l'heure de Dieu. Dans les derniers temps que nous vivons, les évènements se déclencheront et aboutiront à la parousie, car c'est maintenant l'heure de Dieu. Ce qui arriva... arrivera !

     

    LES FAUX-MESSIES

    Alors, qu'est-il arrivé ? Le Messie fut donc méconnu, le temps passa, de faux Messies apparurent, furent tués, parmi eux se trouvait un certain Juda le Galiléen (Actes 5 v37). Le temps passant, l'espérance ne se réalisant pas, le peuple s'impatientait.

    D'un autre côté, les vexations romaines se faisaient plus nombreuses. Peu avant qu'Agrippa 1er (petit-fils d'Hérode le Grand) reconstitue, grâce à l'amitié de l'empereur, le royaume de son grand-père, Caligula alors, sur le livre impérial, avait ordonné qu'une statue de lui-même soit érigée dans le Temple de Jérusalem.

    Seule la mort de l'empereur avait pu empêcher la réalisation de ce projet et avait empêché la révolte, qu'elle aurait immanquablement provoquée d'éclater. Agrippa 1er régna donc 3 ans sur Israël. A sa mort, la Judée redevint province romaine. Les gouverneurs qui l'administrèrent alors, furent encore plus mauvais que les précédents. Le Nouveau Testament nous parle de quelques-uns uns d'entre eux : Félix, cupide et ambitieux, Festus, son successeur, administrateur lamentable, et citons également le pire d'entre eux, Florus, le dernier des gouverneurs romains avant que n'éclate la Grande Révolte.

     

    LA REVOLTE

    La Judée, à l'époque du second Temple, avait, tout comme aujourd'hui, une population mélangée. A côté de la population juive de Judée, Galilée, Transjordanie (Pérée), elle était peuplée de Grecs ou Syriens, c'est-à-dire, d'habitants non juifs qui vinrent peupler le pays d'Israël lors de la déportation de Babylone et qui avaient été hellénisés par les vétérans macédoniens qu'Alexandre le Grand avait laissés dans le pays après sa conquête en 332-333.

    Lors de la conquête romaine, les envahisseurs appliquant le principe de «diviser pour régner», que les Anglais, 2 000 ans plus tard, dans des circonstances analogues, avaient amené à un tel degré de perfection qu'ils durent en fin de compte abandonner le pays, parce que pris à leur propre piège, jouèrent sur l'antagonisme entre ces 2 groupes ethniques en Israël, favorisant en général les Grecs au détriment des Juifs.

    Dans le pays, on trouvait des villes uniquement peuplées de Grecs et autonomes comme les villes de la côte : Askalon, Ashdod, Gaza ou les villes de la Transjordanie formant la Décapolis. Il y avait, en outre, des villes mixtes comme Césarée, la capitale, où les deux populations cohabitaient tant bien que mal. Les gouverneurs de la deuxième époque favorisèrent systématiquement les Grecs au détriment des Juifs, comme devaient faire 2 000 ans plus tard les Anglais qui favorisèrent les Arabes contre les Juifs. A côté de cela, il faut ajouter la crainte qu'avaient les Juifs de voir se renouveler la tentative de Caligula de profaner de nouveau le Temple, si bien que lorsque des troubles éclatèrent à Césarée entre Grecs et Juifs et que les Romains les réprimèrent en s'attaquant à la communauté Juive, la nouvelle s'en répandit aussitôt à Jérusalem qui se souleva.

    Florus, venu rétablir l'ordre avec quelques troupes, dû quitter précipitamment la ville et faire appel au gouverneur de Syrie Questius Gallus, avec ses légions. Celui-ci, à l'automne de 66 donna l'assaut de la ville et parvint jusqu'aux portes du Temple où il fut repoussé après une lutte acharnée ; finalement, il dût quitter la ville et redescendre à Césarée. Les Juifs le poursuivirent et, dans le défilé de Beit-Horon, une embuscade lui fut tendue. Son armée fut taillée en pièces et il s'enfuit honteusement abandonnant ses armes, des machines de siège qui, par la suite, devaient se révéler extrêmement précieuses, un butin considérable, et, honte suprême pour une armée romaine, ses aigles.

    Ainsi, en l'espace de quelques mois, Israël était redevenu indépendant, les romains avaient été chassés et Jérusalem libérée.

     

    LES ZELOTES

    Le pays passa alors sous la domination des rebelles qui prirent les leviers de commande dans tout le pays. Mais bientôt les chefs de la révolte furent submergés par un nouveau parti parmi le peuple : les Zélotes. Ils étaient apparus dans les dernières années du second Temple.

    Leur chef était un certain Jean de Guch-Halav, ancien disciple de Juda le Galiléen, le faux messie dont nous avons parlé plus haut. Ce groupe était né sous la pression des événements que nous avons décrits mais surtout de l'impatience d'une certaine fraction du peuple devant la situation qui s'éternisait et devant les retards que subissait la venue de l'ère Messianique.

    Les Zélotes, contrairement au reste du peuple, avaient décidé de ne pas se borner à une attente passive du royaume Messianique mais de le hâter et même, s'il le fallait, de provoquer sa venue. Attachés passionnément à la loi divine, ils jurèrent de ne plus se soumettre à aucun maître humain, mais de n'être désormais soumis qu'à Dieu seul, et, en 66, un groupe d'entre eux, commandé par Eleazar Ben Yaïr, s'empara de la forteresse de Massada, sur les bords de la Mer Morte, piton rocheux qu'Hérode avait fortifié et sur lequel il avait construit un palais où il pouvait se réfugier en cas de danger, devenant ainsi pratiquement invulnérable. Les Zélotes délogèrent la garnison qui l'occupait et levèrent l'étendard de la révolte.

    2000 ANS TROP TOT

    Les Zélotes n'étaient pas suffisamment prétentieux pour croire que le minuscule peuple de Judée pouvait triompher du puissant empire romain, mais ils avaient une foi inébranlable en Dieu et en ses promesses. L'une d'elle surtout retenait leur attention :

    «Voici, je ferai de Jérusalem une coupe d'étourdissement Pour tous les peuples d'alentour,Et aussi pour Juda dans le siège de Jérusalem.. En ce jour-là, je ferai de Jérusalem une pierre pesante pour tous les peuples. Tous ceux qui la soulèveront seront meurtris ; Et toutes les nations de la terre s'assembleront contre elle». (Zacharie 12 v2-3) et «Voici, le jour de l'Eternel arrive, Et tes dépouilles seront partagées au milieu de toi. Je rassemblerai toutes les nations pour qu'elles attaquent Jérusalem ; La ville sera prise, les maisons seront pillées et les femmes violées ; La moitié de la ville ira en captivité,  Mais le reste du peuple ne sera pas exterminé de la ville L'Eternel paraîtra, et il combattra ces nations, Comme il combat au jour de la bataille. Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des Oliviers, Qui est vis-à-vis de Jérusalem, du côté de l'orient ; La montagne des Oliviers se fendra par le milieu, à l'orient et à l'occident Et il se formera une très grande vallée ; Une moitié de la montagne reculera vers le septentrion et une moitié vers le midi». (Zacharie 14 v1-4) 

    Qu'est-ce que cela voulait dire ? C'est qu'une catastrophe s'abattrait à la fin des temps sur Jérusalem et que, sur le point de succomber, la ville sainte serait sauvée par Dieu lui-même qui inaugurerait ainsi l'ère Messianique. Celle-ci n'arrivait pas. Il fallait alors la provoquer en forçant Dieu pour ainsi dire à accomplir ses promesses.

    Pour cela, il fallait amener la catastrophe sur Jérusalem en provoquant une attaque des romains contre elle. Dieu ne pouvant permettre que son Temple soit profané, interviendrait alors et enverrait le Messie. Tel était le scénario qu'avaient envisagé les Zélotes. C'était exactement ce qui devait se passer... mais 2 000 ans plus tard. Les Zélotes n'étaient en avance que de 19 siècles. Seulement, parce qu'ils n'étaient pas à l'heure de Dieu, leur tentative devait tourner au désastre et à la ruine complète du peuple.

    LES JUIFS MESSIANIQUES

    Ils s'efforcèrent d'abord de contrôler le centre névralgique de tout le drame : Jérusalem. A la fin de 67, Jean de Gush Halav passa à Jérusalem, dans le but de prendre le contrôle de la ville.

    Il s'aida des Iduméens, et, ne reculant ni devant l'assassinat, ni devant la tromperie, il aboutit à ses fins après avoir mené pendant plusieurs mois une horrible guerre civile qui avait affaibli le peuple et la ville au moment même où une puissante armée romaine, commandée par l'habile général Vespasien, avait été envoyée par l'empereur Néron, dans le but de mater la révolte. Ce dernier commença par réduire la Galilée, et, de là, passa en Judée d'où il s'apprêtait à marcher sur Jérusalem où faisait rage la guerre civile. C'est alors que Néron fut assassiné et la guerre civile éclata pour la succession de l'Empereur déchu. Les légions d'Orient acclamèrent Vespasien comme empereur. Celui-ci quitta donc la Judée pour l'Egypte où il s'embarqua à Alexandrie, à destination de Rome.

    A Jérusalem, ce répit fut salué par le peuple comme une bénédiction de Dieu et une preuve que Dieu favorisait leur entreprise, il était avec eux. Seuls les juifs messianiques ne partageaient pas cet enthousiasme. Ils se souvinrent des paroles de Jésus avant sa mort, leur disant : Quand vous verrez Jérusalem investie... sachez que sa désolation est proche... Alors, fuyez... Ne regardez pas en arrière... Souvenez-vous de la femme de Lot».

    L'Eglise de Jérusalem, qui avait été fondée à la Pentecôte, quitta donc Jérusalem, profitant de ce répit, et se réfugia à Petra en Transjordanie, échappant ainsi à la catastrophe qui devait s'abattre sur le peuple dans son ensemble.

    LA PRISE DE JERUSALEM PAR TITUS

    Ils furent d'ailleurs les seuls à mettre à profit ce répit car, à Jérusalem, la guerre civile avait repris de plus belle par l'arrivée d'un nouveau groupe de Zélotes encore plus extrémiste que les premiers : les Sicaires (ainsi nommés par les romains d'après le nom d'un long poignard que les membres de ce groupe cachaient sous leurs vêtements). Leur chef Shimon Bar Giora s'était mis en devoir de disputer le pouvoir à Jean de Guch Halav. Le répit dura peu de temps. En 69, Vespasien nommé empereur définitivement, envoyait son fils Titus à la tête de quatre légions : la Xe «Fretensis» ancienne légion de Jules César, la XIIe «Fulminata», la Ve venant d'Egypte, et la XVe, soit 80 000 hommes pour achever le siège de Jérusalem. A Jérusalem, il y avait 25 000 hommes. A l'approche des légions romaines, la guerre civile cessa enfin entre les différentes factions Zélotes et un accord fut conclu pour la défense de la ville. Le siège débuta le 14 de Nisan (mars-avril) de l'année 70 et se termina le 8 du mois d'Elul (août-septembre) de la même année. Il fut terrible ; l'acharnement des défenseurs était extrême, persuadés que Dieu interviendrait pour les délivrer.

    Le 17 de Tamuz (juin-juillet) le sacrifice perpétuel cessait. Le 8 d'Av (juillet-août) les romains attaquèrent le sanctuaire, après avoir sommé les défenseurs, le Temple fut incendié et rasé. Une fois le Temple détruit, la ville résistait toujours. Shimon Bar Giora se réfugia dans le palais d'Hérode et surtout dans les trois tours qui le défendaient et qui avaient nom : Phasaél, Miriam et Hippicus. Ce n'est que le 8 d'Elul, que toute résistance cessait enfin sur Jérusalem où régnaient désormais la mort, la peste, la famine et la consternation de voir que Dieu avait abandonné son peuple.

     

    MASSADA : L'ULTIME RESISTANCE

    La conclusion de ce drame, c'est Eléazar Ben Yaïr, le premier chef zélote à avoir levé l'étendard de la révolte en prenant la forteresse de Massada, qui la donna trois ans plus tard, en 73. Alors que le 14 de Nisan, les romains, après un siège terrible, étaient parvenus à élever une gigantesque rampe de terre sur le côté Ouest de la forteresse, Eléazar et ses 900 hommes, comprenant que face aux 15 000 romains, tout espoir était vain, déclara ceci :

    «Il y a longtemps mes braves que nous avons résolu de n'être asservis ni aux Romains, ni à personne, sauf à Dieu qui est le seul vrai, le seul juste maître des hommes ; et voici venu l'instant qui commande de confirmer cette résolution par des actes. En ce moment donc, ne nous déshonorons pas, nous qui n'avons pas auparavant enduré une servitude exempte de péril et qui sommes maintenant exposés à des châtiments inexorables accompagnant la servitude, si les Romains nous tiennent vivants entre leurs mains ; car nous fûmes les premiers à nous révolter et nous sommes les derniers à faire la guerre. Je crois d'ailleurs que nous avons reçu de Dieu cette grâce de pouvoir mourir noblement en hommes libres, tandis que d'autres, vaincus contre leur attente, n'ont pas eu cette faveur. Nous avons sous les yeux, pour demain, la prise de la place, mais aussi la liberté de choisir une noble mort que nous partagerons avec nos amis les plus chers. Car les ennemis qui souhaitent ardemment de nous prendre vivants, peuvent aussi peu s'opposer à notre décision que nous-mêmes leur arracher la victoire dans un combat.

    Que nos femmes meurent sans subir d'outrages ; que nos enfants meurent sans connaître la servitude ! Après les avoir tués, nous nous rendrons les uns aux autres un généreux office, en conservant la liberté qui sera notre noble linceul. Mais d'abord, détruisons par le feu nos richesses et la forteresse ! Les Romains, je le sais bien, seront affligés de n'être pas les maîtres de nos personnes et d'être frustrés de tout gain. Laissons seulement les vivres ; ceux-ci témoigneront pour les morts que ce n'est pas la disette qui nous a vaincus, mais que, fidèles à notre résolution première, nous avons préféré la mort à la servitude» (Extrait de la «Guerre des Juifs» de Flavius Josèphe).

    Le lendemain, lorsqu'ils eurent lancé l'attaque de la forteresse, les Romains ne trouvèrent plus que des cadavres. 1 900 ans ont passé depuis le drame, aujourd'hui Massada a été excavée et les jeunes tankistes israéliens en font l'ascension pour jurer sur les ruines de l'époque des Zélotes le serment fameux : «Massada ne tombera pas une deuxième fois !».

    L'HEURE EST VENUE

    Aujourd'hui l'espérance des Zélotes est sur le point de s'accomplir, la situation est identique : après avoir été foulée aux pieds par les nations, Jérusalem est enfin libre et indépendante. Combien de temps se passera-t-il avant que les nations ne viennent remettre en question cette souveraineté juive sur Jérusalem ? Dans combien de temps la ville sera-t-elle assiégée et sur le point de succomber comme elle le fut en 70 ? Combien de temps faudra-t-il aux nations pour amener la ville au bord de la catastrophe ? Dans combien de temps le Messie viendra-t-il la sauver ? Beaucoup moins que nous ne le pensons peut-être !

    Non, Massada ne tombera pas une seconde fois, car l'espérance des Zélotes s'accomplira. Dieu interviendra directement dans l'histoire des hommes pour sauver Israël, son peuple.

    C'est maintenant l'heure de Dieu, cette heure que les défenseurs de Jérusalem ont attendue 1 900 ans trop tôt. Ce qui arriva... arrive et arrivera. La délivrance d'Israël du joug des nations, le prodigieux bouillonnement qui se produit en Israël aujourd'hui sur le plan religieux est semblable à celui qui existait il y a 2 000 ans et dont nous témoignent les écrits de la Mer Morte, l'agitation des nations qui ne peuvent admettre la délivrance de Jérusalem, la résolution absolue du peuple et l'assurance de la victoire et de la délivrance de tout danger, ressemblent beaucoup à celui des anciens défenseurs de Jérusalem ; la situation est la même après 2 000 ans, l'histoire d'Israël reprend au point où elle s'était arrêtée, le rideau n'a plus qu'à se lever sur le dernier acte du drame d'Israël et des nations.

    Il y a 2 000 ans, les hommes de Qummram dans «La Guerre des Fils de la Lumière», écrivaient :

    «Cela sera alors le temps de salut pour le peuple de Dieu, ceux qui auront lié leur sort au sien recevront le règne, tandis que ceux qui auront lié leur sort à Bélial, seront condamnés à la destruction éternelle».

    Guerre des fils de la Lumière contre les fils des Ténèbres, n'est-ce pas aussi ce qu'affirme l'apôtre ?

    «Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, pour que ce jour vous surprenne comme un voleur ; vous êtes tous des enfants de la lumière et des enfants du jour. Nous ne sommes point de la nuit ni des ténèbres. Ne dormons donc point comme les autres mais veillons et soyons sobres. Car ceux qui dorment dorment la nuit et ceux qui s'enivrent s'enivrent la nuit. Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, ayant revêtu la cuirasse de la foi et de la charité et ayant pour casque l'espérance du salut».  (1 Thessaloniciens 5 v4-5).

     

    J.M. Thobois